Le langage courant a tendance à regrouper sous l'appelation de «Corbeau» ou «Choucas» plusieurs corvidés noirs, qui ne sont ni des Corbeaux ni des Choucas ! Mettons un peu d'ordre là-dedans.
La Corneille noire est la plus commune de ces espèces, notamment en ville, où elle ne dédaigne pas de faire les poubelles. Elle est communément appelée «Corbeau», mais en fait, non.
Cette espèce nous servira de référence à laquelle on comparera les autres.
On peut remarquer que la ligne supérieure du bec (le culmen pour les intimes) est arquée. Le bec est noir, et la base de sa partie supérieure est couverte de petites plumes.
La Corneille a un répertoire vocal assez varié, mais peu élégant (c'est généralement le cas des corvidés, qui peinent à dépasser le premier cycle du conservatoire). Son cri le plus commun est illustré ci-contre à droite.
Au premier abord, ou vu de loin, le Corbeau freux ressemble diablement à la Corneille noire. Les jeunes Corbeaux sont d'ailleurs très délicats à distinguer de celle-ci. Il est néanmoins possible d'identifier les adultes en y regardant de plus près.
Une différence de comportement notable: le Corbeau freux marche (de façon un peu maladroite d'ailleurs), alors que la Corneille se déplace par petits bonds.
Le culmen (si vous ne savez pas ce que c'est, c'est que vous n'avez pas suivi) est plus droit. Le bec est plus long et plus pointu que celui de la Corneille, et il y a de la peau gris claire à sa base.
Tout ceci est bien joli, mais pas toujours très visible de loin. Deux autres critères peuvent aiguiller vers un Corbeau freux. Les plumes du ventre sont souvent plus ébouriffées que chez la Corneille, et le crâne est plus pointu.
La détermination en vol si l'on ne voit pas le bec est plus délicate… La queue est légèrement plus arrondie que celle, coupée au carré, de la Corneille.
Enfin, la voix est plus rauque que celle de la Corneille, ce qui avec un peu d'habitude constitue un assez bon critère.
Le Choucas des tours est nettement différent. Tout d'abord par son comportement. Les colonies de Choucas des tours vouent une passion aux trous, dans lesquels elles nichent ou se reposent. Il n'est donc pas rare de les racontrer sur des allées bordées de platanes, ou près de vieux bâtiments plus ou moins en ruine (d'où le «des tours»).
Le Choucas des tours est plus petit et d'aspect plus rond que les Corbeaux et Corneilles précédents. Une bonne partie de son plumage est gris, et non pas noir. En particulier il y a un contraste entre le cou et la nuque gris pâle et la calotte et le visage noir. Enfin, le Choucas a un bel oeil clair, visible d'assez loin. Bref, sans vouloir vexer ses cousins, comparés à eux, le Choucas des tours a une bonne bouille.
T'as de beaux yeux, tu sais ?
En vol
Last but not least, on repère souvent le Choucas (ou la colonie de Choucas) à l'oreille. Il est assez bruyant, et son cri caractéristique. (Attention toutefois, confusion possible avec la perruche à collier, qui partage de plus son affection pour les platanes. Le doute est normalement rapidement levé dès que l'on voit l'oiseau.)
Voilà pour les corvidés noirs présents dans divers milieux. Vous trouverez juste en dessous quelques quiz sur ces trois espèces. Si vous êtes en montagne, trois nouvelles espèces à découvrir plus bas.
Le Grand Corbeau est plus grand que la corneille et le Corbeaux freux (avec son bon mètre trente d'envergure, c'est le plus grand passereau au monde). Il sévit principalement en montagne, mais des falaises en bord de mer peuvent également faire l'affaire.
Trois critères peuvent permettre de le reconnaitre:
Le bec est très gros, beaucoup plus fort que celui de la corneille.
En vol, la queue est cunéiforme (cf photo de gauche). C'est en général très visible.
Le cri est très reconnaissable : il s'agit d'un «krâ» extrèmement rauque, qui s'entend de très loin.
On voit souvent le Grand Corbeau voler haut pour se rendre d'un point haut à un autre en montagne. Il pratique à l'occasion des jeux aériens assez impressionnants.
Le Chocard à bec jaune est un oiseau typiquement montagnard (Pyrénées et Alpes en France - monter à 1500 bons mètres pour l'apercevoir). Il est peu farouche, au point de venir le cas échéant voler votre pic-nic.
On l'entend cependant venir de loin, et ses cris sont très caractéristiques - une sorte de sifflement roulé plutôt mélodieux (comparé au Crave à bec rouge ci-dessous). En voici un exemple :
Une fois en vue, impossible de se tromper. Un bec jaune (on s'en serait douté) et court, et des pattes rouges.
Également montagnard, le Crave à bec rouge peut être rencontré un peu plus bas que son cousin le Chocard à bec jaune. Il est fréquemment trouvé en bandes avec celui-ci.
Sans surprise, on le distinguera du Chocard à son bec rouge et long. (Attention, subtilité, subtilité: le jeune à le bec jaune - mais toujours plus long que le Chocard).
Il émet un bruit de guimbarde très caractéristique.
En vol, si le bec n'est pas visible, on peut distinguer Craves et Chocards par la longueur de la queue: plus courte que la largeur de l'aile pour le Crave, plus longue ou de même longueur pour le Chocard. Sur la photo d'un groupe mixte en vol, la flêche pointe un Crave, juste en dessous à gauche duquel se trouve un Chocard.
À vous de jouer !
Voilà quelques quiz avec les six espèces présentées sur cette page.